Source : Liberté Algérie 09/01/2013
Le slameur Amirouche amwanes à Liberté
“Chanter du slam est un retour aux origines”
Après une notoriété acquise grâce à un travail des plus prometteurs, Amirouche Amwanes édite son premier album en 2009. Dès lors, le poète franchit les barrières de l’anonymat. Sollicité par plusieurs artistes, les textes d’Amirouche demeurent l’une des valeurs sûres de la poésie kabyle. Dans cet entretien, il explique son choix de chanter du slam, ses projets et aussi sa conception de la chanson en général.
Liberté : Vous êtes à l’origine poète, comment avez-vous opté pour le slam, un genre pas très connu dans les traditions musicales kabyles ?
Amirouche Amwanes : La musique demeure un élément de notre vie qui ne connaît pas de frontières. Et dans la tradition kabyle, il y a un style semblable au slam, comme les chants et les poèmes fredonnés dans les zaouïas.
À travers cette tradition musicale, où la poésie est récitée avec un rythme, une musique et un tempo des ivenduyar (bendir), le slam trouve toute son originalité dan ces chants. Ceci étant, slam n’est pas tout à fait étranger à nos mœurs musicales. Ce n’est pas une musique importée de l’étranger. Pour moi, le slam reste la meilleure manière et la plus adaptée à ma poésie.
Le texte domine dans ce style musical, est-il un moyen pour vous de garder votre stature de poète ?
Effectivement. Le slam est conçu par et pour la force du verbe. Ceci d’un point de vue. D’un autre point, je pense que c’est toujours ambitieux de marier la musique à la poésie. Ceci donne réellement plus de charme au style. Certes, la poésie est dominante mais la musique joue un rôle primordial quand elle est étudiée et bien travailler.
Comment le public a-t-il accueilli votre album et surtout ce nouveau style ?
Le public a accueilli ce style à bras ouvert, suis-je tenté de dire. La musique, comme je l’ai dit, et l’art en général, n’ont pas de frontières et notre culture à sa base “tamawalit” (l’oralité) et la poésie a toujours fait partie de notre quotidien et je pense que chanter du slam est pour moi, un retour aux origines. Quant à l’album, il a eu vraiment du succès et le message est bien passé, puisque le slam a réussi à s’imposer. Et je remercie, à l’occasion, les fans qui m’encouragent à suivre cette trajectoire.
Suite à la réussite de votre album Idudan (les doigts), quels sont vos futurs projets ?
Oui, effectivement. Je suis sur plusieurs clips que je compte finaliser sous peu. Je pense à faire de mes chansons de la matière pour le cinéma. Les clips que je produis, à partir de mes œuvres du slam, sont pour moi un vrai travail cinématographique. Le scénario sera tiré des thèmes de ma poésie et mis en scène de sorte à produire un film, une histoire. Je suis aussi sur un recueil de poésie, avec traduction de chaque texte. Ces traductions seront agrémentées de tableaux de peinture pour chaque poème.
Ceci est une manière pour moi, aussi de dire que chaque chanson où poème constitue non seulement un texte chanté, mais aussi une histoire et un scénario, puis un tableau de peinture. Je suis aussi sur un deuxième album que je souhaite finaliser très bientôt, si les conditions seront toutes réunies.
Un mot pour conclure…
Il est grand temps de redonner au texte la place qui était la sienne dans la chanson. Même si certains styles donnent l’allure de nouveautés, il n’en demeure pas moins que le public et les mélomanes ont montré leur soif d’une vraie poésie. Je l’ai confirmé à mes dépens à travers toutes les manifestations poétiques auxquelles j’avais pris part. Notre langue a besoin de production, de travail et de persévérance.
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