Émil Cioran, En Savoir Un Peu Plus…:
Émil Cioran né le 8 avril 1911 à Răşinari en Roumanie, mort le 20 juin 1995 à Paris, est un philosophe et écrivain roumain, d’expression roumaine initialement, puis française à partir de 1949 « Précis de décomposition ».
Il est interdit de séjour dans son pays d’origine à partir de 1946, pendant le régime communiste. Bien qu’ayant vécu la majeure partie de sa vie en France, il n’a jamais demandé la nationalité française.
Il a parfois signé sous le nom de « E. M. Cioran ».
Sa Vie En France
Arrivé en France à la fin de cette année 1937 comme boursier de l’Institut français de Bucarest, il ne reviendra jamais en Roumanie où, pour lutter plus fermement contre La Garde de Fer, le roi Carol II instaure un régime autoritaire, faisant arrêter et exécuter Corneliu Codreanu (fondateur de la Garde de Fer), et où les « légionnaires » comme se font appeler ses membres commencent à assassiner des ministres, des professeurs, des banquiers, des Juifs.
Après l’effondrement de la France qui avait offert sa protection à la Roumanie par le traité du 13 avril 1939, un coup d’État largement favorisé par l’Allemagne nazie renverse Carol II en octobre 1940, et met au pouvoir la Garde de Fer et le maréchal Antonescu qui s’autoproclame « Pétain roumain ».
La France de Vichy et la Roumanie d’Antonescu restent alliées, mais dans le camp de l’Axe. La bourse de Cioran est donc maintenue, il peut rester à Paris pour y terminer sa thèse sur le philosophe Bergson. Après la soutenance de celle-ci, la bourse s’arrête et il devient un temps attaché culturel de l’ambassade de Roumanie à Paris.
Mais face aux persécutions sanglantes des régimes fascistes, tant en Roumanie qu’en France, il abandonne toute idéologie pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Il est alors fortement influencé par Spengler.
La Pensée
L’œuvre de Cioran comporte des recueils d’aphorismes, ironiques, sceptiques et percutants, tels « De l’inconvénient d’être né » ou « Syllogismes de l’amertume » qui forment ses œœuvres les plus connues, mais on peut aussi y trouver des textes plus longs et plus détaillés.
D’une façon générale, l’œuvre de Cioran est marquée par son refus de tout système philosophique. Son scepticisme est probablement son caractère le plus marquant, bien plus que son pessimisme.
Cioran, dont les écrits sont assez sombres, est un homme de très bonne compagnie, plutôt gai. Il déclare avoir passé sa vie à recommander le suicide par écrit, et à, le déconseiller en paroles, car dans le premier cas cela relève du monde des idées, alors que dans le second il a en face de lui un être de chair et de sang.
Tout en conseillant et déconseillant le suicide, il affirme qu’il existe une supériorité de la vie face, à la mort : celle de l’incertitude. La vie, la grande inconnue, n’est fondée sur rien de compréhensible, et ne donne pas l’ombre d’un argument.
Au contraire, la mort, elle, est claire et certaine. D’après Cioran, seul le mystère de la vie est une raison de vivre.
On peut accuser Cioran d’avoir pris dans ses écrits une « pose » €de désespoir, mais il semble avoir été profondément et sincèrement triste de n’avoir pu établir de système qui donnerait un sens à sa vie, alors même que dans sa jeunesse il avait été extrêmement passionné, mais dans l’erreur ( les Cimes du désespoir).
Le cheminement littéraire de Cioran et son trajet spirituel ont, semble-t-il, trois points de repère majeurs selon Liliana Nieorescu : « la tentation d’exister , la tentation d’être Roumain, et la tentation d’être juif ».
Ni sa roumanité réfutée ni sa judéité manquée ne pouvaient lui offrir la moindre consolation pour l’humiliation, pour « l’inconvénient d’être né ».
Réflexions
Bien que l’œuvre de Cioran ne semble pas sujette à une controverse particulière et qu’elle bénéficie d’une notable acceptation dans les médias, peut-être due à un effet de mode depuis sa redécouverte récente, la sincérité de Cloran lui-même a parfois été controversée, soit en raison de ses opinions de jeunesse, soit parce qu’il fut accusé d’être un « poseur ».
Si son nom reste assez connu, son œœuvre, elle, reste le plus souvent ignorée, sans critique commentée, dans les débats littéraires et philosophiques actuels.
Le grand public la jugera souvent pessimiste, voire morbide.
On peut dégager parfois une critique contre l’excès stylistique ou le classicisme de son écriture, qui compromettraient la diffusion des idées : cela est peut-être dû au fait qu’il n’est pas francophone de naissance, et qu’il a appris le français d’abord dans les livres.
Des critiques y ont vu un manque de profondeur dans sa recherche philosophique, dans la mesure où Cioran reprend des idées nietzschéennes et bergsoniennes, en les illustrant simplement.
Émil Cioran
Billet proposé par Aron O’Raney
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